INDIGNITE NATIONALE !

 



Après 9 ans de procédures judiciaires le verdict est tombé ce matin : Marine Le Pen et 23 autres membres du Front National (devenu Rassemblement National) ont été condamnés dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Ce verdict a surtout été marqué par la peine de 4 ans de prison dont 2 ans ferme (aménageables sous bracelet électronique) et surtout les 5 ans d’inéligibilité requis contre la fille repentie du tortionnaire raciste Jean-Marie Le Pen, réhabilité par l’ensemble du RN et une partie des médias oligarchiques au moment de sa disparition. Cette situation inédite sous la Vème République et peut être même auparavant, est en fait un non-évènement qui nourrit une fois de plus la peoplisation de la vie politique et la mafia politico-consumériste qui peut aisément remplir les grilles des chaînes de propagandes, repues de ce spectacle affligeant.

Un non-évènement comme écrit au préalable, qui a tout de même l’utilité de mettre en lumière un phénomène inquiétant, qui doit nous questionner dans l’optique d’une démocratie réelle, telle que nous l’appelons de nos vœux. Ce questionnement se pose sur : l’ingérence. Car l’inéligibilité de Marine Le Pen ne règle en rien le problème de  l’ascension inquiétante des idées réactionnaires, fascistes et racistes au sein de nos sociétés occidentales. Elle n’est qu’une représentation interchangeable d’un parti qui existe toujours et qui continue à pouvoir présenter des candidats aux échéances à venir. Le RN dans son grand rôle de victimisation, enchaîne les plateaux télés et radios pour crier à qui veut bien l'entendre, qu'ils sont les victimes éternelle d'une cabale politique faisant presque oublier qu'ils ont sans l'ombre d'un doute et en bande organisée, détourné 4.1 millions d'Euros d'argent public.

Problème d’ingérence donc, d’abord nationale, puisque le commentaire politique sur une décision de justice est inacceptable et non avenu.

Nous voyons donc la caste politique monter au créneaux, du RN qui menace directement la juge en charge du dossier (à tel point qu’une protection a été mise en place à son domicile) jusqu’à la France insoumise, qui une fois de plus par le biais d’une communication hasardeuse, affirme dans le cadre d’une Vème République qui ne le permet pas, que c’est au peuple de destituer les élus. Lunaire ! Entre les deux, la droite traditionnelle et réactionnaire embourbée dans les affaires de corruption (Wauquiez et Ciotti en tête) crie à la « Justice politique ». Et le silence de la macronie et du gouvernement en place, devient presque coupable…

Cet entrisme, que l’on sent de toute part gêné aux entournures, soit parce que pour beaucoup ils sont sous le coup de procédures judicaires ou pourraient l’être, pose indéniablement le problème de l’indépendance de la Justice. Car c’est un vrai problème. Les nominations qui dépendent encore de l’exécutif sont nombreuses et font couler le poison du doute sous l’armure de l’affranchissement.

Loi de moi l’idée qu’une grande partie des magistrats et juges ne font pas leur métier en faisant fi de la pression politique. Je ne pense pas qu’en France, une main invisible crée des preuves pour faire condamner des opposants. Je pense que s’il y a corruption, celle-ci se trouve davantage dans les non-procès.

En effet, comment expliquer le classement sans suite en seulement quelques jours de l’enquête sur Bétharram, malgré les faisceaux d’indices convergents, les preuves irréfutables apportées par Médiapart et les témoins de ces maltraitance?  Il ne fait aucun doute que Bayrou était parfaitement informé de ce qui se passait et qu’il a donc menti en tout conscience devant la représentation nationale.

Comment se fait il que le procès de Gérald Darmanin ait donné suite à un non-lieu ? La juge d’instruction a estimé que si « la sincérité des déclarations » de la plaignante quant à un viol « ne peut être remise en cause » et que M. Darmanin « admet implicitement quil a pu profiter de la situation »« le droit ne se confond pas avec la morale ».  Surprenant …

Second type d’ingérence : internationale. Les plus grands états d’extrême droite au monde, La Russie, les Etats-Unis d’Amérique et la Hongrie viennent au secours de Marine Le Pen et condamnent eux aussi la décision de justice rendue, d’un pays souverain. En quelque sorte un baiser de la mort pour le RN qui depuis des mois, voir des années, rejette toute collusion avec des intelligences étrangères. Ces immixtions extérieures doivent grandement nous inquiéter, surtout après avoir appris il y a quelque jours l’envoi par l’administration Trump et le biais de l’ambassade américaine, d’un mail aux grands groupes français leur demandant de mettre fin à toute politique de discrimination positive pour continuer toute collaboration avec le gouvernement américain. Encore plus inquiétant, le silence du Gouvernement qui n’a pas réagi publiquement à cette affaire.

Quoi qu’il en soit et quels que soient les commentaires des uns et des autres, ce n’est pas au peuple de rendre justice. Le peuple doit avoir le pouvoir, par lui-même ou par représentativité, d’écrire la loi. La Justice, elle, doit être totalement indépendante vis-à-vis de l’exécutif et du législatif et doit être en capacité d’interprétation du droit et de rendre justice sans pression aucune.

Terminons par ces mots du père de « L’esprit des lois », Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu :


« Il n'y a point encore de liberté, si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice. »

 

“Une chose n'est pas juste parce qu'elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu'elle est juste.”

 

« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir »


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